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Violences de genre, violences de handicap

Maudy Piot, la voix des femmes handicapées

Maudy Piot est présidente de l'association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) et psychanalyste.

A 17 ans, elle a perdu la vue suite à une maladie de naissance. Guidée par un golden retriever appelé « Igloo », elle se bat aujourd'hui contre la violence intersectionnelle basée sur le genre et sur le handicap.

 

 

Le cinquième plan de lutte contre les violences faites aux femmes a été dévoilé par la ministre en charge des Droits des femmes, Laurence Rossignol, le mercredi 23 novembre. Prend-il suffisamment en compte le handicap ?

 

Le plan de lutte reste très insuffisant. Il n'est toujours pas noté que les hébergements d'urgence doivent être accessibles aux femmes handicapées. Aucune structure d'accueil n'existe actuellement, ce qui place ces victimes dans une très grande précarité. En effet, il est souvent impossible pour ces personnes de retourner au domicile parental et leur handicap les place en situation de dépendance vis-à-vis de leurs proches.

 

Quelles sont les actions menées par l'association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA) dans la lutte contre les violences faites aux femmes handicapées ?

 

Quatre femmes handicapées sur cinq sont actuellement victimes de violences en France. FDFA propose une écoute lors de ses permanences et un accompagnement. L'association, créée en 2003, est la seule à proposer un suivi pour les femmes handicapées. Lors de groupes de parole, les femmes s'expriment sur la violence presque banale qui structure leurs vies. FDFA propose également des ateliers et organise des colloques dans toute la France. Durant les activités, les bénévoles doivent épauler les personnes et respecter leurs désirs. La question de la confidentialité est importante car les violences peuvent redoubler si le conjoint vient à être au courant.

 

Quelles sont les différents types de violences que subissent les femmes handicapées ?

 

Les violences à combattre prennent de multiples formes : psychiques, institutionnelles (hôpitaux, maisons de retraite, centres gynécologiques), familiales, au travail, alimentaires…

 

Quels sont les obstacles à la dénonciation des abus par les femmes handicapées ?

 

La société n'est pas prête à accueillir les différences : le handicap est hors-norme, il dérange et interroge. Au niveau psychologique et psychique, il renvoie à l'angoisse, signe la différence, évoque la monstruosité. Les représentations sociales sont primaires et violentes. Par exemple, la dénomination de « malvoyant » est stigmatisante car elle se caractérise par la négation, l'exclusion. Nous lui préférons « personnes qui ont perdu la vue ».

De manière générale et dans la plupart des médias, on entend « les handicapés ». Or, nous refusons cette réification. Nous sommes des personnes handicapées, avec un désir de citoyenneté. Le handicap n'est pas l'identité ! Lucie Aubrac, résistante et féministe, clamait : « Vous, femmes handicapées, vous êtes des citoyennes » !

 

Depuis mars 2015, l'association a mis en place un numéro d'écoute au 01 40 47 06 06.

-Béa et Pam Méliee

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