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PORTRAIT : d. dans un monde post

J’ai rencontré d. par l’intermédiaire d’une veste de soeurcière, anthracite, saturée d’étoiles et de soleils dorés. Cette artiste serbe crée des vêtements aux humeurs froides et poétiques, ainsi que des collages surréalistes et post-punk.

 

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Photo : Jovana Semiz

Le vestiaire de d. est lunaire et surréaliste, nourri de révoltes et de refus. Cette artiste serbe née à Novi Sad, qui crée des vêtements et des collages aux sensibilités post-punk, a l’apparence ainsi que la philosophie d’une poète maudite. Les cheveux asymétriques, le visage coupé par une grande mèche noire, le regard qu’elle verse du coin de son œil est acide et magnétique.

Elle dresse une liste de personnalités percutantes après avoir sondé les méandres de ses pensées : « Petite, j’ai été attirée par les Pink Floyd (première période), et Syd Barett, pioché dans la collection de disques de mes parents, est devenu mon héro. Des années plus tard, je suis tombée dingue de Rowland S.Howard et Nick Cave (The Birthday Party et The Bad Seeds) ». Ces atmosphères brumeuses et anticonformistes, qui ont accompagné son enfance, se sont naturellement développées dans son art. « Je suis inspirée par les gens sensibles et honnêtes, ceux qui n’ont pas peur de mourir pour leurs idéaux, mais aussi par les artistes, les personnes rejetées, aliénées, tristes, pessimistes, mélancoliques, celles aux cœurs ensanglantés et les intellectuel.le.s. Depuis mon plus jeune âge j’aime lire et j’ai de nombreux héros (auteurs et personnages), parmi lesquels : Kafka, Beckett, Cioran, Henry (Eraserhead de David Lynch), les symbolistes et les poètes maudits ».

La négation comme expression

 

d. se définit volontiers comme une personne joyeuse et optimiste. « Je dirais que je suis une mélancolique qui aime souffrir (une masochiste !) mais j’aime l’art, et je ne peux m’imaginer vivre sans musique, sans films. Je me sens utile seulement quand je crée. » Son art est gorgé de rébellion. Partant du principe que les vêtements sont omniprésents dans la vie quotidienne et la société, le but de d. est de greffer des messages engagés dessus : citations philosophiques, symboles, extraits de poèmes.

« Dans un monde hypocrite où nous sommes submergé.e.s d’injonctions et de messages affirmatifs, j’essaye de répondre subjectivement en employant la négation comme expression ». Chez d., l’art palpite de refus, de désobéissance, pour faire changer la vie. Il me vient ici la mélodie de Gallowdance et l’image de la chanteuse de Lebanon Hanover, dansant de manière saccadée dans un paysage hivernal, corde au cou et vêtue d’un blouson au dos duquel est écrit « Sadness is Rebellion »…

 

Quand dada rencontre le post-punk

 

Dans ses collages, d. rassemble des images et textes disparates qu’elle prélève dans la réalité quotidienne, pour présenter une autre réalité construite par l’esprit : son monde à elle, onirique et fragmenté. Des éléments récurrents, comme les mains (« symboles de la création ») et les yeux (« fenêtres où nous laissons le monde entrer ») peuplent ses atmosphères et rappellent l’imagerie surréaliste. 

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