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Vandana Shiva, féministe altermondialiste 

 

 

 

Héroïne de la lutte anti-OGM et éco-féministe indienne, Vandana Shiva milite pour la promotion d’une agriculture biologique et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En opposition  aux firmes agro-industrielles et aux partisans de l’agrobusiness, cette érudite au troisième œil rejette l’idée d’une croissance illimitée et prône un retour à la « terre mère » comme unique moyen de protéger durablement l’humanité et l’environnement. 

 

 

Vandana Shiva, source : http://www.navdanya.org/blog/?p=1092 

 

 

 

Cultiver la décroissance 

 

 

 

Dans ses saris de coton multicolores, Vandana Shiva lutte quotidiennement contre la mondialisation néolibérale générant des inégalités croissantes et dégradant l’environnement. Elle parcourt le monde pour défendre une agriculture paysanne hors du contrôle des multinationales, s’oppose aux semences génétiquement modifiées qui menacent la biodiversité et profitent exclusivement aux firmes telles Monsanto. Préoccupée par les lobbys puissants qui tentent de s’accaparer et de privatiser les graines des paysans en ambitionnant le brevetage d’un organisme vivant, animal ou végétal, et de contrôler les semences à l’échelle de la planète, Vandana Shiva organise le premier rassemblement anti-globalisation à Bangalore, en 1993, réunissant 500000 fermiers et militants. Après cet appel non-violent à la désobéissance civile, elle fonde l’association "Navdanya" (« neuf graines »), un centre de formation agroécologiste et une ferme biologique qui redistribue ses semences aux paysans chaque année. 

 

 

 

« Et la planète mise au féminin reverdirait pour tous » 

 

 

 

On attribue à Françoise d’Eaubonne, à l’origine de l’ouvrage Le Féminisme ou la mort (1974), le terme d’éco-féminisme. L’écrivaine opère ainsi une synthèse entre deux combats, le féminisme et l’écologie, menés jusqu’ici séparément. « On est bien obligé de constater qu'en s'appropriant la fécondité (des femmes) et la fertilité (du sol) ce sont les hommes et la société patriarcale qui nous ont menés à cette double catastrophe », déclare-t-elle à propos de la surpopulation et de la destruction des ressources. Dans cette perspective, Vandana Shiva aspire à « une société saine écologiquement, non exploiteuse, juste, non patriarcale et auto-suffisante » (Eco-féminisme, Shiva et Mies, 1998). L’activiste altermondialiste est l’incarnation d’un éco-féminisme combattant le phénomène de globalisation qui a des conséquences sur l’environnement et sur les femmes. Selon ce mouvement, la mondialisation a des impacts sur les pays riches et pauvres, sur les rapports Nord et Sud, mais aussi sur les rapports de classes et d’inégalités entre les sexes. Les femmes y cumulent les rapports de domination : colonialisme, capitalisme, patriarcat, et sont menacées par les dégradations écologiques. D’où le fait que la révolution écologique soit profondément liée à la révolution féministe et qu’il faille libérer les femmes ainsi que la nature du capitalisme financier, de la mondialisation. 

 

 

 

Une désobéissance créatrice 

 

 

 

Vandana Shiva dénonce ainsi la domination des hommes sur le vivant, leur mainmise sur les organismes génétiquement modifiés, mais s’intéresse aussi à la question du corps féminin et de l’enfantement. Elle critique la médicalisation excessive de la natalité comme la stérilisation forcée des indiennes ou l’élimination du fœtus de sexe féminin, provoquant la perte du pouvoir des femmes sur l’enfantement et permettant aux hommes de maîtriser leur émancipation.  

 

Avec les progrès de la science et le développement des nouvelles technologies, les questions liées au corps s’accompagnent de débats croissants de la part des mouvements féministes. S’inscrivant dans une histoire de longues luttes sociales, les éco-féministes se battent contre la pauvreté et les violences, en s’attaquant au patriarcat et au capitalisme. Vandana Shiva s’oppose au projet de transformer les organismes vivants en ressources appropriables et vendables, à l’exploitation des femmes et aux injustices qui leurs sont infligées, proposant une analyse complète de la société dans laquelle nous vivons. Le droit des femmes n’y apparaît plus comme un thème parmi d’autres, il est nécessairement lié à l’environnement, pensé en termes de rapports de classe et de domination économique. 

 

 

 

- Pam Méliee

décembre 2014

 

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